Éléments déterminants pour entrer en apprentissage

Imprimer la page

Apprendre signifie acquérir la connaissance d’un savoir ou d’un savoir-faire par l’exercice de l’intelligence, de la mémoire, des mécanismes gestuels appropriés, etc. [1] C’est un processus qui demande un effort cognitif de la part de l’apprenant.

Pour s’engager dans une activité apprenante, un enfant a besoin d’être motivé.

Les programmes Coup de Pouce ont été conçus pour agir sur la motivation des enfants à apprendre.

Pour commencer, il est important de définir ce que nous entendons par motivation. Selon une définition commune du dictionnaire [2], la motivation est l’ensemble des raisons, intérêts, éléments qui poussent quelqu’un dans son action.
La motivation à apprendre chez les enfants peut donc être entendue comme le facteur qui suscite, chez eux, le désir d’apprendre.

Depuis les années 60, les recherches sur la motivation foisonnent. Considérant la motivation comme un mouvement qui doit être accompagné, les chercheurs tentent d’identifier et de décrire ce qui agit sur la motivation et son intensité.

LA THÉORIE DE L’AUTO-DÉTERMINATION (Edward L. Deci et Richard M. Ryan)

Dans les années 2000, Deci et Ryan, chercheurs en psychologie sociale, ont développé la théorie de l’auto-détermination pour comprendre et expliquer la dynamique motivationnelle qui pousse un individu à s’engager ou non dans une activité.

Ils y décrivent les trois besoins psychologiques fondamentaux à la base de la motivation : le besoin d’autonomie, le besoin de compétence et le besoin d’être en relation à autrui.

1. Le besoin d’autonomie

Il renvoie au besoin de se sentir à l’origine ou à la source de ses actions. Il s’agit de se sentir autonome par rapport aux autres et avec les autres.

Au Coup de Pouce, l’animateur permet à chaque enfant de se sentir acteur de ses réussites. Pour cela, il laisse chacun choisir sa stratégie pour réaliser les activités et valorise les démarches individuelles comme collectives. Par exemple, si un enfant ne réussit pas à lire ou à répondre à une question, il peut être aidé par l’un de ses camarades.

2. Le besoin de compétence

Il fait référence à la sensation qu’un individu éprouve lorsqu’il interagit efficacement avec son environnement et qu’il atteint les performances souhaitées.

Au Coup de Pouce, l’animateur permet à chaque enfant de se sentir compétent. Pour multiplier les expériences de réussite, il choisit des activités adaptées au niveau des enfants et il valorise leurs progrès.

3. Le besoin d’être en relation à autrui

Il s’agit du besoin de se sentir connecté aux autres, de partager avec les autres des goûts, des intérêts, des valeurs.

Au Coup de Pouce, l’animateur renforce tout au long de l’année le sentiment d’appartenance des enfants au club et à ses valeurs.

LE SENTIMENT D’EFFICACITÉ PERSONNELLE (A. Bandura)

Entre les années 80 et 2000, A. Bandura, fondateur du courant de psychologie sociocognitive, a abordé la motivation à travers le concept du sentiment d’efficacité personnelle.

Selon lui, « (...) si les gens ne croient pas qu’ils peuvent obtenir les résultats qu’ils désirent grâce à leurs actes, ils ont bien peu de raison d’agir ou de persévérer face aux difficultés (...). » [3]

Pour Bandura, le sentiment d’efficacité personnelle est la croyance qu’un individu a en sa capacité de réaliser une tâche.

Si nous nommons efficacité la capacité à atteindre réellement un objectif, le sentiment d’efficacité personnelle, lui, est une croyance. C’est le sentiment d’être capable d’atteindre un objectif.

Ainsi, plus un enfant est convaincu qu’il peut réussir à communiquer, lire ou faire des mathématiques, plus il a de raisons d’agir et de persévérer dans ses apprentissages.

Selon Bandura, le sentiment d’efficacité personnelle se construit à partir de 4 sources : les expériences actives de maîtrise, l’apprentissage social ou les expériences vicariantes, les messages de l’entourage et les états physiologiques et émotionnels.

1. Les expériences actives de maîtrise

Elles renvoient aux succès et aux performances qui construisent une solide croyance d’efficacité personnelle.

Au Coup de Pouce, il s’agit de renforcer ces expériences de maîtrise des savoirs fondamentaux en privilégiant des activités adaptées au niveau des enfants et en félicitant les enfants pour chacune de leurs réussites.

2. L’apprentissage social ou les expériences vicariantes

C’est l’observation des performances d’autrui, la comparaison sociale. « Pour évaluer ses capacités, l’individu tire aussi des conclusions de l’observation des actions réalisées par d’autres personnes. Ce sont les sujets dont les caractéristiques (âge, sexe, etc.) sont les plus proches des siennes qui sont les plus susceptibles d’être source d’information. Par exemple, des enfants tirent un sentiment d’efficacité personnelle plus élevé s’ils observent d’autres enfants talentueux que s’ils voient des adultes manifester les mêmes aptitudes cognitives. » [4]

Au Coup de Pouce, la réussite des uns suscitent, chez les autres enfants, le sentiment d’être capable de réussir.

3. Les messages de l’entourage

Les enfants sont sensibles à la perception que leurs parents, leurs pairs, leurs enseignants et leurs éducateurs ont de leurs compétences . Leur confiance en soi reflète en partie ces perceptions.

Les messages de leur entourage – soutiens, critiques, encouragements, conseils, attentes, etc. – ont donc une influence.

Il s’agit ici de la persuasion verbale par autrui : « Il est plus facile à quelqu’un de maintenir un sentiment d’efficacité, particulièrement quand il est confronté à des difficultés, si d’autres individus significatifs lui expriment leur confiance dans ses capacités. Cependant, cet effet se manifeste surtout si la personne a déjà de bonnes raisons de croire qu’elle est performante. Dans ce cas, les commentaires positifs de son entourage peuvent l’aider à fournir les efforts nécessaires pour réussir. » [5]

Au Coup de Pouce, l’animateur valorise les réussites de chaque enfant. L’enjeu du Coup de Pouce est également que les parents deviennent des supporters actifs de la réussite de leur enfant. Dans cette optique, l’animateur valorise l’enfant devant ses parents et encourage ces dernier à le féliciter autant que possible pour ses efforts et ses progrès.

4. Les états physiologiques et émotionnels.

Une manifestation d’émotion peut induire des perceptions d’auto-efficacité favorables ou défavorables.

Lorsqu’un enfant associe un état émotionnel positif à une activité mathématique par exemple, cela renforce son sentiment d’efficacité personnelle en mathématiques.

Au Coup de Pouce, le caractère ludique des activités et les encouragements répétés de l’animateur favorisent des états physiologiques et émotionnels positifs. En permettant aux enfants d’associer le plaisir aux activités de langage, lecture, écriture ou mathématiques, le Coup de Pouce contribue à renforcer le sentiment d’efficacité personnelle.

[1Définition du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales.

[2Larousse édition 2019.

[3Wood & Bandura, 1989 - Philippe Carré, « Les Grands Dossiers des Sciences Humaines », décembre 2016, p. 68

[4A. Bandura, Auto-efficacité. Le sentiment d’efficacité personnelle, De Boeck université, 2002.

[5A. Bandura, Auto-efficacité. Le sentiment d’efficacité personnelle, De Boeck université, 2002.